Si je vous ai un peu abandonné ces derniers temps, c'est à cause des chiens.
Ah ! Les chiens ! Tout un poème. Ici chaque maison en abrite au minimum deux si ce n'est trois. Les terrains ne sont pas entièrement clôturés, les portails restent souvent ouverts. Résultat, les chiens sont dans la rue... et se reproduisent. Il y a autant de chiens errants que de chiens domestiques.
Alors, la nuit, lorsqu'une troupe de ceux-là passe sur le chemin, les autres les saluent, les insultent ou les menacent, la chorale du quartier entame son numéro et ça dure une bonne demi-heure. Réveil assuré, mais je m'y suis fait et dire qu'en Ile de France je ne supporte pas le petit bâtard du voisin.
L'agressivité envers les humains est assez réduite, même le facteur est peinard, il ne porte pas d'uniforme, mais les peignées entre eux sont spectaculaires et fréquentes, souvent plusieurs s'acharnant sur un seul. Il n'y a pas de pitié chez les canidés, les plus costauds martyrisent les petits et les faibles qui mènent une vie d'enfer et inutile de vous préciser qu'il n'y a pratiquement pas de chats.
Certains ont la désagréable habitude de courir après les voitures sur quelques mètres, en aboyant près des portières. Jeu dangereux. Tout au long de la route menant à Cordoba on ne compte plus les carpettes rejetées sur les bas-côtés.
Le grand amusement de ces sympathiques animaux est de poursuivre les gauchos qui passent à cheval devant chez moi. Ils restent indifférents, toutefois l'un d'eux m'a raconté qu'un jour deux chiens l'ont surpris, son cheval s'est cabré et il a fait une mauvaise chute. Mais le plaisir suprême c'est « de se faire une moto » en essayant de mordre les pneus ou les jambes du conducteur. Quel pied ! C'est ainsi que les deux abrutis surgissant du sous-bois comme des enragés m'ont pris au dépourvu, et, bien que je le sache parfaitement, un mauvais réflexe a fait que j'ai trop touché le frein avant. Sur ce type de chemin ensablé ça ne pardonne pas, la moto s'est instantanément couchée sur le côté droit. Arrêt brutal, avec comme conséquences épaule droite présentant une fissure et pouce gauche fracturé.
Cela fait maintenant trois semaines, vous comprenez donc qu'avec les deux mains inopérantes je n'ai pas facilement pu utiliser mon clavier, pas plus que porter le sac à dos avec mon Mac jusqu'à l'estaminet qui abrite mes amours coupables avec internet.
Par conséquent j'ai dû décaler mon retour au 20 mai, j'arriverai en France comme les hirondelles, et j'en repartirai avec l'arrivée de l'hiver, c'est à dire vers le 15 septembre.
Du coup j'aurai peut-être l'occasion de voir mûrir mes tomates et de pouvoir les manger.
Peut-être Monsieur et Madame
Le soir, ils se mettent sous une source lumineuse attendant patiemment les insectes attirés par la lumière. Pas con hein ? Mais ont-ils un esprit d'analyse ? Se disent-ils : tiens, Alfredo vient d'allumer, il est temps d'aller dîner ?
Vous ne trouvez pas qu'elle a un regard expressif et une bouche qui attire le baiser ?
Vu du dessus il impressionne, un peu d'embonpoint peut-être.
Il fait semblant de regarder ailleurs, l'hypocrite, mais il a bien repéré l'insecte qui passe sous son nez.
Pendant mon voyage à Entre Rios la grêle (ici on dit : caer piedras, tomber des pierres) a détruit mes plantations de tomates. Une demi heure d'un orage épouvantable et grêlons énormes. Pas de pot, de l'autre côté de la route nationale, à 500 m à vol d'oiseau, il n'a fait que pleuvoir.
Il ne reste que cinq rescapées avec des traces de choc. Vont-elles mûrir correctement ?
Les feuilles et les tiges sont bien marquées, j'ai perdu beaucoup de fleurs qui laissaient espérer une belle récolte.
Celles-ci étaient bien protégées et n'ont pas souffert.