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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 17:05

 

El Camino Real du Nord de Cordoba vers le Haut Pérou (Cuzco, Lima) a plus de 400 ans et son trajet passait par les chapelles et Estancias Jésuites construites entre 1590 et 1767. Durant plusieurs siècles les longs et interminables voyages nécessitèrent des « relais » pour permettre aux voyageurs de se reposer et pour changer les chevaux. Par ce chemin transitèrent en un flot ininterrompu, en mule, à cheval, en charrette, en diligence, des fonctionnaires de la couronne espagnole, des gouverneurs, des missionnaires, des commerçants, des militaires et des estafettes. Au moment de l'Indépendance, ces sentiers furent les témoins du passage des armées de Belgrano et de San Martin.

El Camino Real al Alto Peru est aussi connu comme « El Camino de la Historia » et il continue vivant et présent à relier les Estancias Jésuites entre elles.

 

 

Villa de Tulumba est un village dont le temps paraît s'être figé sur un passé de splendeur coloniale. Des hommes qui firent l'Histoire défilèrent dans ses rues empierrées et, dans ses maisons en adobe, se lièrent des alliances, s'ourdirent des intrigues, des embuscades et des projets pour l'avenir du pays. Ce fut un passage obligatoire du Camino Real al Alto Peru et Tulumba s'affirma comme le centre du pouvoir politique et religieux le plus important de toute la région.

Villa de Tulumba, « el plueblo de la historia », qui a conservé intact son centre historique et maintenu ses manifestations religieuses, assume pleinement sa conversion touristique et culturelle.

 

Villa Tulumba, une étape du "Camino Real", à 120 kms au nord de Agua de Oro et son église Nuestra Señora del Rosario construite en 1882 à côté des ruines de la chapelle primitive.

 

Tulumba 1

 

 

Comme toujours l'ami Alberto ne se déplace pas sans son éternel parapluie pour se protéger du solei.

 

Tulumba 2

 


Tulumba 3

 

 

Un étrange Christ en bois taillé par les indigènes des missions jésuites, la forme du visage et des yeux n'est pas sans rappeler celle des peuples autochtones. Les bras et la tête sont articulés par un ingénieux système intégré dans la sculpture.

 

Tulumba 4

 

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 01:43

 

Grandeur et décadence

 

 

Gran-hotel-viena.jpg

 

Le Gran Hotel Viena un mystère face à la mer, dixit le panneau d'accueil, dont les ruines sont les derniers témoins de l'époque de la splendeur de Miramar, dont la légende entretient le luxe, la beauté, le mystère et les secrets les plus sombres, fut mis en chantier en 1940 à l'initiative d'une famille allemande de Buenos Aires qu'on a dit liée au national socialisme, les "Palkhe".

Le Gran Hotel Viena disparut en 1980, ses origines furent en relation avec la Seconde Guerre Mondiale et beaucoup disent qu'il fut construit avec des capitaux nazis.

La mise en œuvre, confiée à une entreprise allemande, se fit par étapes de 1940 à 1945. Au final l'hôtel, un véritable cinq étoiles, comprenait 84 chambres luxueuses, pavillon thermal avec médecin, infirmière et masseur, bibliothèque, succursale bancaire, salle à manger pour 200 personnes, vaisselle en faïence anglaise, verres en cristal, couverts en argent, murs doublés de marbre de Carrare, lustres de bronze et de cristal. C'était l'unique hôtel qui possédait, à l'époque, l'air conditionné et le chauffage dans toute les installations. De plus, il disposait de deux énormes cuisines, d'une fabrique de glace, d'un élevage de porcs et de poulets, d'une cave de 10 000 bouteilles, d'une boulangerie et d'un stock de conserves capable d'alimenter 100 personnes pendant un mois. Et comme si ça n'était pas assez, il disposait dans les garages de pompes à essence et d'un atelier de mécanique, il avait aussi sa propre usine génératrice d'électricité composée de deux moteurs de 150 kw et 100 kw et deux de rechange de 40 kw et 20 kw... autonomie totale.

Pour approvisionner en eau les 6800 m² de constructions, on fit construire une tour de 25 m de haut abritant un réservoir supérieur de 80 000 litres, naturellement alimenté par cinq puits. Un escalier de 122 marches permettait d'accéder au mirador.

Le Viena disposait d'un système de téléphonie ultra-moderne et d'un système de radio de haute technologie pour l'époque, avec son propre central et une antenne au sommet de la tour.

 

Vue latérale

 

hotelviena3dl8

 

En face du bâtiment on pouvait admirer une énorme piscine divisée en deux parties, l'une avec de l'eau douce, l'autre avec de l'eau salée.

Tout le personnel, venant de Buenos Aires, était d'origine allemande ou parlait parfaitement l'allemand. Tout ce luxe dans les années 40-45 au centre de l'Argentine, dans une ville de 1600 habitants.

 

hotelviena2jo7

 

 

La construction de l'imposant édifice se termina en décembre 1945. Peu de temps après, en mars 1946, la famille Palkhe décida de fermer l'hôtel. Bien qu'on ne connaisse pas les raisons de cette décision, cela coïncide mystérieusement avec la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l'expropriation des biens des allemands en Argentine.

De l'hôtel il n'est pas resté un seul registre. Un matin de mars 1946, les Palkhe chargèrent tout les documents dans les trois minibus du Viena, les tableaux, livres, plans, papiers, vaisselle portant un aigle bicéphale et dit-on celle avec le symbole nazi, et partirent. Les minibus revinrent le lendemain et un des chauffeurs dit avoir emmené la famille à La Cumbrecita, au sud de Cordoba. Les Palkhe ne revinrent jamais.

 

La légende : Kruegger et les secrets du Viena

 

L'histoire du Viena illustre les liens particuliers qui unirent l'Argentine et l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pour la rumeur qui se perpétue à Miramar il ne fait nul doute que la famille Palkhe était attachée au national-socialisme. Quelle fut son rôle exact ?

Kruegger était formellement le chef du service sécurité employant un personnel en uniforme vert et bottes à bout ferré. Pourquoi un chef et un personnel de sécurité dans un établissement de repos situé près d'une petite agglomération d'à peine 1600 habitants dans les années 40. Kruegger est mort en emportant ses secrets dans la tombe du cimetière de Balnearia. Ella a maintenant disparu et personne n'est jamais venu se recueillir sur les restes du grand, silencieux et rébarbatif ingénieur allemand. Il n'y eu aucune autopsie médicale mais le bruit court qu'il serait mort suite à l'ingestion d'un puissant poison qu'on lui aurait administré ou qu'il aurait lui-même pris, fatigué de porter tant de secrets.

La vie et la mort de Kruegger font partie des mystères de l'Hôtel Viena qui a alimenté de nombreuses histoires contées à voix basse à Miramar. On ne connaissait pas de famille à Kruegger qui avait accès aux endroits interdits et qui est resté seul dans l'hôtel quand les Palkhe le fermèrent, trois mois après l'inauguration et un investissement de 25 millions de dollars de l'époque, à presque un an de la chute du Troisième Reich aux mains des Alliés.

Kruegger est resté seul dans un hôtel fermé, en fait pas si fermé. Les visiteurs qui passèrent par le Viena, entre mars 1946 et mars 1948, furent nombreux et le secret bien gardé, ce qui a contribué à alimenter la légende. Mais déjà, avant que l'hôtel ne ferme, il s'était passé bien des choses étranges. Dans les premiers jours de mars 1945, quand l'hôtel fonctionnait sans être totalement terminé, Kruegger a demandé aux 70 employés de ne pas venir prendre leur service un certain jour. On murmurait qu'il allait y avoir un dîner important. La cuisinière, qui était restée plus tard que prévu, raconte avoir vu arriver trois Cadillacs noires et avoir reconnu dans la seconde le secrétaire d'état au Travail et vice-président de la Nation, Juan Manuel Peron, préparant son projet politique qui allait le mener à la Présidence. Le dîner fut servi pour une quinzaine de personnes. Qui étaient-elles ? Pourquoi tant de secrets jusqu'à donner congé à l'ensemble du personnel ?

Du peu de témoignages des ex-employés de l'hôtel, nous avons celui de la dame de compagnie de Melita Palkhe, qui se souvient que dans les caves on trouvait "la bodega" et ses bouteilles mais aussi divers compartiments toujours fermés et auxquels seuls Kruegger et Palkhe avaient accès. Elle dit aussi avoir vu, de nombreuses fois, Kruegger descendre avec un plateau repas. Y avait-il quelqu'un qui devait absolument rester caché ? Plusieurs employés ont relaté des récits qui se transmettent de génération en génération sur les occupants occultes des caves du Viena.

Fin décembre 1945, un vieil homme vêtu d'une veste et d'un béret verts enfoncé jusqu'aux sourcils a été aperçu se promenant toujours très tôt le matin le long de la lagune.. De là à prétendre comme certains qu'il s'agissait d'Adolf Hitler...

Les héritiers des Palkhe ne veulent pas remuer les secrets. Beaucoup de questions sans réponses. Un investissement de plusieurs millions de dollars pour un endroit qui n'a fonctionné officiellement que quelques mois.

Le "Gran Hotel Viena" un refuge pour criminels de guerre ? Une opération de blanchiment d'argent nazi ? Un lieu de réhabilitation pour dignitaires allemands en disgrâce ?

Que de mystères ?

Dans les années 50, l'hôtel a été repris par des particuliers qui l'ont exploité jusqu'à cette tragique montée des eaux.

 

Maintenant la baisse du niveau de Mar Chiquita laissant apparaître les décombres, on pourra peut-être avoir accès à des secrets jusqu'alors inaccessibles. Le fantôme du Viena avec sa tour à moins de 2 kms de Miramar entretiennent toujours la rumeur.

 

Hotel-Viena-descumbros.jpg

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 13:05

 

Une rapide histoire de Miramar située sur la rive de Mar Chiquita (d'après Franck Boore dans Panoramio)    

Miramar fut crée au début du 20ème siècle après que furent découvertes des nappes d'eau douce et creusés des puits qui permirent d'alimenter les nouveaux habitants en eau potable. Les premiers touristes, qui arrivaient en train jusqu'à la ville de Balnearia, accédaient au "bord de mer" par un chemin de terre de 12 kms.

Les premiers hôtels furent construits vers 1920 ainsi que des quais et des embarcadères, les activités nautiques se développèrent, barques, voiliers, et on vit apparaître des touristes se couvrant de boue qui avait, paraît-il, des vertus curatives. Ce fut bientôt une des principales activités et le succès des traitements d'eau et de boue de cette étendue salée se propagea jusqu'en Italie et en Allemagne. D'autres spécialités furent une intensive production horticole et l'élevage de loutres. En 1951, cent éleveurs de loutres produisaient plus de 100 000 peaux.

Dans les années 70, Miramar, en plein essor, possédait une importante infrastructure touristique, plus de 100 hôtels, des édifices publics, trois kilomètres de bord de mer amènagé avec des escaliers, douches, sanitaires, accès pour les embarcations, plages, un club nautique, trois piscines publiques d'eau salée et des stations thermales. Mais hélas... après ces années de succès, la nature s'insurgea.

En 1974 a commencé une période "humide" provocant une lente montée des eaux de la lagune qui, entre 1976 et 78, a affecté 198 familles, recouvert une centaine de manzanas (pâtés de maisons d'environ un hectare), détruit 90 % des établissements hôteliers, plus de 60 entreprises commerciales, le terminal d'omnibus, le centre thermal, le camping municipal, les écoles primaires et secondaires, deux de ses églises, le club nautique, les banques, etc... On estime que le niveau de lagune s'est élevé de 8 mètres. L'eau a inondé les splendeurs de Miramar et expulsé plus de la moitié de sa population en deux ans. Le 15 septembre 1992, avec la dynamite, Miramar disait adieu à une partie de son histoire.

Le dynamitage a laissé un immense tas de gravats qui apparaissent au fur et mesure que le niveau de l'eau descend.

 

Miramar dynamitage

 

 

Le Miramar nouveau, modestement, se reconstruit en retrait, la ville compte environ 2000 habitants et essaie de retrouver une activité touristique attrayante.

 

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Le Grand Hôtel Viena, le dernier à avoir subi les outrages de l'inondation, il se situait à 80 mètres de la plage. C'est le seul dont les ruines sont encore debout. Photo prise en 2003, les pieds encore dans des eaux qui s'étaient pourtant considérablement retirées.

 

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En 2007, on pouvait visiter les ruines.

 

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Aujourdh'ui, l'eau est trente mètres plus loin. On ne peut plus le visiter, le danger d'éboulement est trop important

 

Hôtel Viena 1

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 20:50

Quilmes, ce nom est plus connu pour être celui de la marque de bière nationale que pour les ruines archéologiques de la cité du peuple Quilmes.

A 50 kms au sud de Cafayate, adossées à la montagne les ruines de Quilmes que je visite pour la troisième fois. Cette fois-ci l'accueil fut différent, le musée et la billeterie sont fermés, l'hôtel et le restaurant également, le ticket d'entrée distribué par un autochtone dans une guérite sur le bord de la piste m'a mis sur mes gardes, j'ai failli forcer le passage me disant que c'était une arnaque. Non, une application récente de la loi redonnant aux peuples indigènes la propriété des territoires spoliés par le colonialisme en est l'explication. C'est désormais les Quilmes qui gérent les visites du lieu sacré.

Un peu d'histoire : au 16 ème siècle les conquistadors espagnols ont mené une guerre de près de cent trente ans avant de pouvoir conquérir la cité de Quilmes. Tout de même bien couillus les Quilmes...

L'histoire officielle, vous savez celle qu'on apprend aux enfants à l'école, enseigne qu'il ne resta plus aucun peuple indigène dans la vallée et que les Quilmes furent tous emmenés, à pied s'il vous plaît, à Buenos Aires où les derniers survivants disparurent à jamais.

La compilation historique et la documentation comme la CEDULA REAL de 1716 (Brevet du Roi ?), soit 50 ans après que l'histoire les ait enterrés, prouvent le contraire, le Cacique de Quilmes Don Diego Utivaitina ayant reçu des mains des représentants du Roi d'Espagne cette "cedula" qui est une reconnaissance du territoire sur lequel vivaient encore des Quilmes et des Amaichas.

Mais l'histoire politique est une chose et la réalité une autre, les Quilmes clament qu'ils n'ont jamais cessé d'exister et leur peuple exige de l'Etat une réparation historique étant donné que l'Etat argentin est fondé sur la base d'un génocide, la négation de leur existence et l'expropriation systématique de leurs territoires ancestraux.

 

 

Adossés à la montagne et de chaque coté les postes de guet permettant de voir à plusieurs kilomètres. Hiérarchie pyramidale, dans la plaine la classe la plus basse, les éleveurs, les cultivateurs, et en montant les gens plus importants. En cas d'invasion tout le monde se réfugiait sur les hauteurs. Tout au sommet on trouve la trace de l'habitation du Cacique et de l'Inca. A voir comme ça, on a l'impression que ce n'est pas grand chose. Erreur, il y avait environ 6000 personnes qui vivaient là. Certes tout n'est pas dégagé. Le Cacique et le conseil des délégués Quilmes vont-ils continuer les fouilles pour le tourisme ? L'argent, ou la spiritualité et la mémoire des ancêtres ?

 

Quilmes 1

 

 

 

Toute la cité est enterrée et pour éviter la dégradation des murs, on n'a dégagé que 1,50 mètre environ. On distingue les corraux, les silos tout ronds, les cuisines aux mortiers creusés dans la roche. En bas les habitations abritaient plusieurs familles et plus on s'élèvait plus elles se réduisaient pour terminer par une seule famille par logement. Les gens influents en haut, les autres en bas, rien n'a changé.

 

Quilmes 2

 

 

D'en haut la vue est impressionnante, on voyait l'ennemi arriver. Nous avons calé à mi-chemin du sommet, ça grimpe et la chaleur accumulée dans les pierres est épouvantable.

 

Quimes 3

 

 

A l'entrée on nous a donné un feuillet d'information édité par "la comunidad india Quilmes" dont j'ai traduit une partie, c'est intéressant et puis je n'ai rien d'autre à f... aujourd'hui, c'est Noêl et tout est fermé. Piscine, farniente et traduction.

 

LA CITÉ SACRÉE

DE QUILMES

 

Depuis les temps immémoriaux cette Cité a été le centre de développement social et culturel de notre peuple Quilmes, en art, en médecine, en alimentation, en astrologie, en architecture et surtout  a été le centre de notre "cosmovision" ou spiritualité.

Dans cette Cité se trouvent aussi des Centres Cérémoniels de la plus haute importance où Titaquines, Sabios et Maestros réalisaient les cérémonies et enseignaient les connaissances basées sur le respect à notre Terre Mère et tout ce qui nous entoure.

Les dépouilles de ceux qui moururent pour la défense de notre territoire et la liberté devant l'invasion coloniale s'y trouvent encore. Elle est le symbole de la résistance de la Nation Diaguita à l'invasion étrangère. Ce lieu est  imprégné du sang répandu par nos ancêtres résistant à à l'usurpation territoriale et à l'invasion culturelle.

C'est pour cela que pour nous elle prend le caractère de "Cité Sacrée".

Nous, les héritiers légitimes, sollicitons la restitution de notre patrimoine ancestral dont nous fûmes expropriés, qui a été utilisé et exploité à des fins commerciales sans notre consentement préalable.

 

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 02:58

Il y a quatre ans c'était encore un commissariat de police en plein centre de Cordoba. Pendant la dictature militaire il fut transformé en Département d'Informations de la Police de la Province de Cordoba, plus connu sous le sinistre nom de "D2", qui, pendant les années soixante dix a fonctionné comme Centre Clandestin de Détention. Depuis, j'ai suivi  sa transformation en "Memorial de la Memoria". Maintenant il est terminé, je viens de le visiter une dernière fois. Je pensais faire des photos de ces lieux chargés de douleur et d'horreur, de ces graffitis déchirants écrits avec les ongles sur les murs lépreux des pièces minuscules servants de cellules, de ces bancs en ciment sur lesquels s'entassaient les prisonniers, serrés les uns contre les autres, les yeux bandés, attendant que ce soit leur tour de crier leur souffrance pendant les interrogatoires interminables. J'y ai renoncé.

J'ai préféré une vue ensoleillée du passage, rénové, avec à droite le mur des dépendances de la cathédrale et à gauche celui de l'ancien commissariat, quelques photos de personnes disparues flottant mollement sur des fils tendus entre les bâtiments. Une image presque bucolique.


Memorial 1


Deux des trois empreintes avec, gravés, plus de mille noms de personnes disparues. La première empreinte, cachée, à gauche du porche d'entrée.


Memorial 2


Depuis que, en décembre 2006, la Commission et les Archives de la Mémoire ont récupéré l'espace dans lequel avait fonctionné la terrible "D2", le passage Santa Catalina n'est plus le même. Son panorama, sa vie quotidienne ont été modifiés. S'y promener aujourd'hui est différent, la perspective a changé et les passants aussi.

Le Mémorial inscrit sur la façade de l'ancien centre de détention secret de la "D2" est un hommage aux assassinés et disparus de la province de Cordoba. Personnes qui, entre 1969 et 1983, ont été enlevées, torturées et exécutées par les forces répressives de l'Etat Terroriste.

Inscrire leurs noms dans l'espace public a nécessité de transformer ce lieu pour témoigner que le souvenir de leurs vies devait être enregistré comme une des façons de dire "Jamais Plus". Jamais plus à la torture, aux exécutions sommaires et aux disparitions de personnes. Jamais plus au vol de bébés. Jamais plus aux centres de détention clandestins. Jamais plus aux oppresseurs et assassins qui peuvent marcher sans avoir été condamnés dans les rues des villes.

Ce mémorial a été inauguré entre mars et mai 2008. Les lignes des empreintes digitales qui le composent sont une suite des prénoms et noms de tous ceux qui ont été privés de leurs droits. Elles rappellent que des hommes et des femmes ont lutté pour des idéaux politiques, culturels et religieux. Ces ouvriers, étudiants, mères, artistes, avocats, journalistes, théologiens, enseignants, employés ont été persécutés, enlevés, torturés et tués ou disparus.

Laisser en permanence ces empreintes dans l'espace public est une manière symbolique de rendre, en partie, l'identité de chacun des disparus à leurs familles et à la société cordobaise.  Elles contiennent les noms des femmes et des hommes assassinés et disparus entre 1969 et le retour de la démocratie en 1983.

La mise à jour des listes des assassinés et disparus est un travail sans cesse permanent, le mémorial reste donc ouvert et prêt à recevoir les noms  des personnes susceptibles d'y être incorporés.


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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 19:28

Le baron Justus von Liebig, chimiste allemand, né en 1803, père de la chimie organique, mit au point un procédé qui révolutionna la conservation des aliments carnés : le concentré ou extrait de viande.

En 1862, Georges Christian Giebert, un ingénieur allemand travaillant en Uruguay proposa à Liebig de fabriquer l'Extrait en Amérique du Sud, pour le tiers du prix de production en Europe.

Le résultat fut extraordinaire et en 1865 se créa une société avec des capitaux anglais : Liebig's Extract of Meat Company Ltd.
En 1870 l'Extrait était connu dans toute l'Europe. En 1889 la société commença à fabriquer un produit qui rencontra un succès encore plus important : le Corned Beef. 
C'est ainsi qu'en 1903, la société fit l'acquisition d'un "saloir", dans la province de Entre Rios, sur le fleuve Uruguay, entre les villes de Colon et San José. La "Fabrica Colon" s'y installa et Liebig exporta dans le monde entier  différents produits élaborés avec de la viande argentine. 








Les installations de la Fabrica Colon étaient complètes, énormes quais avec grues à vapeur, flotte de remorqueurs, chaudières, générateurs d'énergie électrique, chambres froides, fabrique de glace, de boites de conserve, de tonneaux, ateliers de mécanique spécialisés, laboratoires alimentaires, équipes anti-incendie, dispensaires et tous les équipements les plus modernes de l'époque. 3500 personnes y travaillaient.
L'histoire dit qu'entre 1904 et 1925, on traitait 1500 bovins par jour, 6 mois sur 12, en continu avec trois équipes, les bovins entraient d'un côté et ressortaient en fin de chaîne sous la forme de boîtes de corned beef.

L'urbanisation autour de Fabrica Colon respectait un plan particulier qui, outre le secteur de l'usine, formait deux quartiers clairement définis et formellement séparés, appelés par leurs habitants El Pueblo et Los Chalets.

Los Chalets, secteur destiné à la hiérarchie et aux anglais en général, occupait la partie la plus haute, avec vue sur le fleuve, où s'élevaient des constructions de style "chalet classique colonial anglais". Un hôtel "el Mess" et une "Casa de Visitas" pour les hôtes importants ,qui accueillit notamment le prince de Galles en 1925. Les sports, tennis et golf, y tenaient une place prépondérante. Les anglais avaient mis en place une organisation de type colonial qui interdisait l'accès de leur secteur résidentiel aux employés.

El Pueblo où logeaient les ouvriers et employés administratifs, était principalement constitué de maisons apairées, d'un seul niveau, avec un vestibule commun par groupe de deux maisons. On pouvait également y trouver une église, un centre commercial, un ciné-théâtre, une salle des fêtes et une équipe de football.

L'autonomie économique de Liebig vis à vis du port de Buenos Aires était quasi totale et durant de nombreuses décades les produits partaient de Fabrica Colon directement en Europe sans passer par lui.

L'autonomie financière était entière, Fabrica Colon élevait son propre bétail et on dit que les anglais n'ont jamais payé d'impôts jusqu'à l'époque de Peron. Les profits furent immenses durant la première moitié du XXème siècle. Liebig a fourni l'Europe en extrait de viande et corned beef pendant les guerres de 1870 et 1914-1918, ainsi que pendant la guerre des Boers en Afrique du Sud. A partir de 1950 commença une lente décadence due à divers facteurs économiques jusqu'à ce que la société soit vendue à l'entreprise Vizental en 1980 et ses installations démantelées.











Vous aurez compris que les anglais égaux à eux-mêmes se sont comportés comme à la plus belle époque du colonialisme, sans qu'il y ait aucune retombée économique pour l'Argentine et sont partis "à la cloche de bois", plantant là les ouvriers et leurs familles (je suis peut-être de mauvaise foi, mais que voulez-vous, c'est comme ça, je ne peux pas blairer les anglais)

Le village a été laissé à l'abandon mais il reprend vie depuis quelques temps, un club de pêche s'est créé, certaines maisons ont été réhabilitées et transformées en résidences secondaires. Il a été rebaptisé Pueblo Liebig, et essaie de développer une activité de tourisme.









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